Lisibilité d’État, résistance infra-politique et fluidité des identités :
hommage à James C. Scott (1936-2024)

Erwan Sommerer


Citer cet article

Sommerer, Erwan. 2024. Lisibilité d’État, résistance infra-politique et fluidité des identités : hommage à James C. Scott (1936-2024). Nomopolis 2.

Au cours de la préparation de ce second numéro de Nomopolis, nous avons appris avec tristesse le décès de James C. Scott (1936-2024). Lorsque nous l’avions sollicité en avril 2022 pour faire partie du Comité scientifique de la revue, il avait immédiatement accepté et s’était déclaré ravi de participer à ce projet. Dans le cadre d’une revue interdisciplinaire dans laquelle la double perspective du droit et de la science politique s’accompagne d’une ouverture à l’ensemble des sciences sociales, nous savions que son expertise serait précieuse. Son œuvre stimulante, inscrite dans le champ général des subaltern studies et située à la croisée de l’anthropologie, de la science politique et de l’histoire, procède en effet d’une volonté de décloisonner les frontières entre les disciplines tout en respectant leurs exigences méthodologiques respectives. Cet équilibre – auquel s’ajoute une dimension comparatiste – a permis à Scott d’offrir un point de vue élargi sur la problématique centrale qu’il a inlassablement explorée au cours de sa carrière, à savoir les diverses modalités du contrôle étatique sur les individus en même temps que les multiples stratégies de résistance mises en œuvre par ces derniers. Pour lui rendre hommage à l’occasion de la parution de ce numéro, nous souhaitons dès lors rappeler à quel point son traitement de ces questions fut novateur et fournit aujourd’hui encore de nombreuses pistes de réflexion.

I. LISIBILITÉ D’ÉTAT ET RÉSISTANCE INFRA-POLITIQUE

Si l’œuvre de Scott est avant tout connue pour son étude de l’ingéniosité déployée par les groupes sociaux dominés pour échapper à l’État, elle interroge également la manière dont celui-ci exerce son pouvoir. À ce titre, une thématique scottienne clé est celle de la « lisibilité » (Scott 1998). Que ce soit dans le cas de la formation historique des États, de leur exportation coloniale ou de leur fonctionnement contemporain, cette notion exprime l’idée que l’administration étatique, pour assurer son autorité, s’appuie sur un processus de « simplification » : hostiles à la complexité, à la diversité et donc à l’opacité qu’elles engendrent à leurs yeux, les agents de l’État leur opposent une logique de désignation et de classification aussi bien territoriale que culturelle et individuelle. Il s’agit de nommer et de localiser tout autant les lieux que les groupes ethnico-religieux et leurs membres en les cartographiant et en les répertoriant. Dans la continuité des travaux de Charles Tilly, Scott voit dans ce processus d’identification la condition de la collecte des taxes, des campagnes de conscription, du contrôle des populations et de la répression des révoltes – autant de piliers historiques d’États qui, initialement « aveugles », aspirent à acquérir une vision « synoptique » (ibid., p. 2 et p. 83).

Cette exigence de lisibilité implique que chaque individu soit associé à un groupe identifiable, lui-même situé sur un territoire dont les frontières sont clairement délimitées. Cela passe par le fait d’octroyer une désignation officielle aux villages, à leur environnement – chaque rivière, chaque forêt ou montagne doit avoir un nom porté sur une carte – mais aussi aux communautés elle-même, qui doivent être inscrites dans une nomenclature ethnico-culturelle stable. Une illustration particulièrement éclairante de cette entreprise de réduction de la complexité et de transparence administrative réside dans l’attribution à chaque personne d’un patronyme destiné à permettre son identification sans ambiguïté possible et donc à faciliter le recensement des populations (ibid. p. 64-71 ; Scott, Tehranian and Mathias 2002). S’appuyant sur ses recherches en Asie du Sud-Est, notamment en Malaisie, Scott montre ainsi que « l’invention du patronyme permanent est (…) une invention de l’État, une première forme d’identité officielle nécessaire au travail de la police, à la mise en place de l’impôt foncier et des registres cadastraux, à la conscription et à l’exécution légale des contrats » (Scott 2013, p. 98). Cette production d’« identités officielles » est décrite comme étant « intrinsèque à tout projet de gouvernance » par lequel un État central cherche à assurer la lisibilité du territoire sur lequel il aspire à assurer sa puissance :

Les premiers efforts de construction de l’État semblent avoir surtout consisté à nommer des éléments jusque-là « fluides » ou privés de nom : villages, districts, lignées, tribus, chefs, familles, champs. Lorsqu’il est joint au pouvoir administratif de l’État, le pouvoir de nommer peut créer des entités qui n’existaient pas auparavant (Scott 2009, p. 229 ; citation issue de la trad. française).

Cela s’inscrit au cœur du phénomène plus général de « standardisation » par lequel la diversité des normes, des systèmes de mesure, des monnaies et des langages fait l’objet d’une homogénéisation (Scott 2012). Face à cela, les groupes sociaux dominés mettent en œuvre toute une palette de stratégies pour contrer ces velléités de contrôle étatique. Pour qualifier ces stratégies, Scott a proposé le concept général de « résistance infra-politique », dont il a initialement repéré les modalités au sein de communautés rurales malaisiennes (Scott 1976, p. 193-240) avant de l’ériger de façon convaincante en paradigme transposable à d’autres contextes historiques et culturels. Par contraste avec les révoltes paysannes ouvertes, dont le coût est souvent exorbitant en termes de répression pour les populations – et dont l’efficacité n’est pas toujours probante – ce concept renvoie à un ensemble de luttes plus discrètes dont le but n’est pas d’investir l’espace public ni de proclamer des objectifs révolutionnaires. Il s’agit au contraire pour ces luttes de demeurer si possible ignorées des acteurs politico-administratifs dominants et de ne pas fournir le prétexte à des réponses violentes de la part des autorités institutionnelles : les cultures ou les occupations clandestines des terres, la contrebande, la dissimulation des ressources et des biens pour échapper aux taxes, le vol ou le refus de productivité sur le lieu de travail ou encore la désertion sont autant de moyens – le plus souvent individuels ou limités à des petits groupes – de résister à l’État sans entrer dans une logique insurrectionnelle offensive. Ils constituent une forme quotidienne et ordinaire, prosaïque, de la lutte contre le centralisme étatique, et ce indifféremment de la nature plus ou moins conservatrice ou progressiste du régime. Leur spécificité est qu’ils requièrent « peu de coordination ou de préparation » et « qu’ils évitent toute confrontation directe (…) avec les autorités ou avec les normes des élites » (Scott 1985, p. 29). Ainsi, comme le précise l’auteur :

Ce style de résistance peut être mieux appréhendé si l’on marque le contraste entre deux formes de révolte (…). Dans un cas, par exemple, on trouvera le processus discret et sporadique par lequel les paysans ont souvent empiété illégalement sur les plantations et les terres forestières de l’État ; à l’opposé, on trouvera l’invasion publique de la terre qui remet ouvertement en question les relations de propriété. En termes d’occupation et d’utilisation réelles, les empiètements par squattage peuvent accomplir davantage qu’une invasion résolument contestataire de terres, bien que la distribution de jure des droits de propriété ne soit jamais publiquement remise en cause. Prenons un autre exemple : d’un côté, une vague de désertions militaires qui paralyse une armée et, de l’autre, une mutinerie ouverte visant à éliminer ou à remplacer des officiers. Comme nous l’avons vu, les désertions peuvent réussir là où la mutinerie peut échouer (…). Un dernier exemple : d’une part le vol pratiqué dans les réserves de céréales publiques ou privées ; d’autre part l’attaque au grand jour des marchés ou des greniers en vue d’une redistribution de l’approvisionnement en denrées alimentaires (ibid., p. 32).

À travers cette analyse, Scott prend position dans plusieurs débats importants. Ainsi, il critique chez les chercheurs la tendance à n’évaluer les mobilisations contestataires qu’à l’aune des comportements apparents des individus opprimés et à confondre dès lors toute attitude de soumission avec une emprise psychologique et idéologique profonde. En plus de déceler dans ce biais la survalorisation des révoltes collectives de grande ampleur aptes à générer de profonds changements politico-économiques, il y voit l’expression d’une difficulté à saisir au plus près les pratiques réelles de populations dominées qui ont l’habitude de masquer leurs intentions vis-à-vis des représentants de l’État et d’adopter en public des attitudes dociles. C’est le principe de ce que Scott appelle les « textes cachés » (hidden transcripts) : le respect du pouvoir par les dominés n’est qu’une façade, un déguisement qui dissimulent l’ensemble des comportements critiques quotidiens, par exemple la diffusion de ragots ou de chansons hostiles aux élites, la transmission de récits valorisant les hors-la-loi[1], l’organisation de carnavals ou le détournement de certains rituels, souvent subtils et difficilement discernables par un observateur extérieur (Scott 1990, p. 4-5 et p. 198). Sur un plan théorique, cela mène Scott à contester la notion de « fausse conscience » héritée du marxisme, que l’on retrouve dans la conception gramscienne de l’hégémonie ou dans la notion de violence symbolique chez Bourdieu (ibid., p. 70-107). Loin d’être dupes et de contribuer du fait de leur « mystification » supposée (Scott 1976, p. 228 et p. 239-240) à leur domination, les opprimés sont à même d’échapper à l’emprise idéologique des dominants, ou du moins de se glisser dans les failles de l’ordre normatif et symbolique. Leur allégeance n’est alors qu’une mise en scène, une performance théâtrale souvent teintée d’ironie[2].

II. DU REFUS DE LA SÉDENTARITÉ À LA FLUIDITÉ DES IDENTITÉS

Scott ne s’est toutefois pas contenté de ce premier niveau d’analyse de la résistance infra-politique. L’un des aspects les plus commentés de ses travaux concerne l’étude des populations qui cherchent à échapper à l’État en tentant de se mettre à distance de ses normes, de son « pouvoir de nommer » et des identités légales qu’il déploie. Cette résistance spécifique prend selon lui la double forme d’une mobilité territoriale et d’une fluidité socio-culturelle. Sur un plan territorial, tout d’abord, il s’est intéressé au nomadisme en tant que stratégie d’évitement de la lisibilité étatique. Qu’il s’agisse des populations ayant résisté à l’apparition des premiers États au néolithique (Scott 2017) ou dans la vaste zone de collines et de montagnes en Asie du Sud-Est appelée la « Zomia » (Scott, 2009)[3], il a montré que le refus de la sédentarité était une stratégie délibérée visant à fuir loin du contrôle étatique et des agents envoyés pour identifier et dénombrer les individus. Dans la Zomia, La « friction du terrain » vient ainsi contrarier l’expansionnisme étatique : l’importance des reliefs produit une répartition entre des États localisés dans les plaines ou les vallées, où s’exerce pleinement leur autorité, et des groupes autonomes mobiles évoluant dans les hauteurs et se déplaçant au fil des tentatives pour désenclaver les territoires – la pratique de la culture sur brûlis allant souvent de pair avec ce mode de vie. Scott, à ce titre, ne cachait pas son intérêt marqué par d’autres expériences historiques qu’il considérait comme similaires, par exemple la piraterie ou le marronnage : les mers ou les forêts tout autant que les montagnes étaient à ses yeux autant de refuges potentiels situés hors de portée des États (ibid., p. 25-26 ; Scott 1998, p. 396 n. 11).

Mais son apport principal sur ce point réside dans ses réflexions à propos de la fluidité sociale, culturelle et identitaire mise en œuvre par les populations de la Zomia et par laquelle elles expriment l’« art de ne pas être gouverné ». Cette fluidité intervient dans de multiples domaines complémentaires. Elle concerne ainsi les structures sociales elles-mêmes : les communautés, en plus d’être nomades, ont des contours souples et peuvent muter, se transformer ou disparaitre selon les besoins. Cela leur permet de se maintenir en situation d’opacité et de contrer ainsi les efforts étatiques de localisation et de classification. Surtout, cette fluidité concerne aussi les identités. Scott utilise ainsi la notion d’« ethnogenèse », inscrite dans une logique de « constructivisme radical », pour qualifier le processus continuel de transformation des  appartenances ethnico-culturelles qui caractérise ces groupes ou communautés (Scott 2009, p. 242-244). Ces identités ne sont que des étiquettes malléables, endossées selon les besoins – par exemple lorsqu’il s’agit de commercer dans les vallées avec les populations étatisées – et elles ne s’inscrivent pas dans une perspective essentialiste. Dans la mesure où toute fixité identitaire revient à jouer le jeu de l’État et à devenir vulnérable, des stratégies d’« illisibilité » sont adoptées : la persistance de l’oralité et le refus de la scribalité, la pratique du multilinguisme, l’absence de généalogies longues ou encore la malléabilité des récits culturels et la réécriture régulière des mythes sont autant de moyens de faciliter les déplacements et les recompositions sociales. Mieux, ils permettent aussi de faciliter l’intégration des individus qui forment le flux incessant de fugitifs désireux d’échapper à leur tour à l’État. D’une certaine façon, les populations étudiées par Scott jouent ainsi avec des identités multiples qu’elles endossent ou abandonnent à volonté :

C’est peut-être l’une des caractéristiques des zones éparses situées dans les interstices des systèmes étatiques instables que de privilégier l’adaptabilité des identités. La plupart des cultures des collines ont d’une certaine manière déjà fait leurs bagages pour voyager à travers l’espace, à travers les identités, ou les deux à la fois (ibid., p. 329).

C’est ce que l’auteur appelle plus généralement la « dissimilation », c’est-à-dire le fait pour un groupe ou une communauté de se déclarer « peuple non-étatique », donc de se maintenir constamment à distance des normes de lisibilité édictées par les États, à ajuster ses pratiques, ses rites et son identité pour esquiver leurs typologies rigides, et donc de résister à la fixité (ibid., p. 173-174). Dans le cas de la Zomia, cela revient à maintenir une forme constante de vigilance non seulement envers les risques d’étatisation externe – lorsque les fonctionnaires des vallées tentent d’imposer leur autorité – mais aussi les risques internes. Héritier de l’anthropologie anarchiste de Pierre Clastres, Scott s’est ainsi penché sur les stratégies adoptées par les populations étudiées pour empêcher leur propre étatisation intérieure. Il a montré que la plasticité culturelle participait aussi d’un refus de voir s’établir des hiérarchies qui viendraient rompre l’égalité entre les individus. Sans compter le danger que la fixation des identités au sein d’un système de domination sociale ne rende une communauté plus lisible et plus compréhensible aux yeux des États, dont les agents sont toujours en quête d’un chef ou d’une élite avec lesquels négocier. Enfin, dans les cas les plus extrêmes, Scott a observé comment des crises prophétiques pouvaient mener à des scissions visant à rétablir les relations égalitaires entre les individus (ibid., p. 302-305).

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Le refus scottien de la thèse d’une intériorisation de la domination par les dominés, ainsi que l’étude des populations échappant à « l’œil de l’État » participent d’une même attention portée à la possibilité d’une autonomie à la fois individuelle et collective. Cependant, comme il l’admettait volontiers, Scott avait conscience du fait que le modèle de la Zomia était sans doute le propre d’une époque où pouvaient encore exister des territoires inaccessibles. Il redoutait à ce titre que le progrès technologique et l’expansion des moyens de communication ne viennent abolir la possibilité même d’une extériorité non-étatisée[4]. Pour contrebalancer ce constat pessimiste, ajoutons néanmoins que les réflexions de cet auteur entrent en résonance avec des problématiques contemporaines auxquelles elles apportent un éclairage spécifique. Ainsi, lorsqu’il évoque l’idée d’un « test d’ouverture » (Scott 2012, p. 61) destiné à évaluer la qualité des institutions à l’aune de leur malléabilité et de la possibilité de les changer ou de les remplacer – la plasticité zomienne en étant une illustration – Scott fournit un apport incontestable à toute une tradition d’analyse des processus de réification et de dé-réification sociales (Chanson, Cukier et Montferrand 2014 ; Sommerer 2023). Surtout, appliquée aux identités, cette approche trouve un écho indéniable dans un ensemble de travaux contemporains qui interrogent le lien entre fixation identitaire et domination étatique. C’est le cas, par exemple, des théories queers qui soulignent à la fois le rôle aliénant de l’État dans la fixité des identités de sexe ou de genre, et les potentialités émancipatrices qui découlent du rejet de cette fixité (Volcano 2014, p. 33). Loin d’être un objet atypique ou exotique, la fluidité à l’œuvre dans la Zomia apparait donc comme un modèle dont les multiples formes ou ramifications demeurent encore à explorer.

Bibliographie

Chanson, Vincent, Alexis Cukier, et Frédéric Monferrand (dir.), 2014. La réification : Histoire et actualité d’un concept critique, Paris : La Dispute

Le Tourneau, François-Michel. 2023. « Internalized Zomias? James Scott’s theory and the world’s sparsely populated areas ». Terrain [En ligne]. Disponible sur : http://journals.openedition.org/terrain/24826

Massoumi, Narzanin, and Marcus Morgan. 2024. « Hidden Transcripts of the Powerful: Researching the Arts of Domination”. Sociology, 58(6): 1341-1358

Scott, James C. 2020. « The Journal of Resistance Studies’ Interview with James C. Scott ». Journal of Resistance Studies, 1(6): 136-156

Scott, James C. 2017. Against the Grain: A Deep History of the Earliest States, New Haven: Yale University Press (tr. française: Scott, James C. 2019. Homo domesticus. Une histoire profonde des premiers États, Paris : La Découverte)

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Scott, James C. 1998. Seeing Like a State, New Haven: Yale University Press (tr. française: Scott, James C. 2021. L’Œil de l’État : Moderniser, uniformiser, détruire, Paris: La découverte)

Scott, James C. 1996. « State Simplifications: Nature, Space, and People ». Nomos, 38: 42-85

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Scott, James C. 1985. Weapons of The Weak: Everyday Forms of Peasant Resistance, New Haven: Yale University Press.

Scott, James C. 1976. The Moral Economy of the Peasant: Rebellion and Subsistence in Southeast Asia, New Haven: Yale University Press

van Schendel, W. 2002. « Geographies of Knowing, Geographies of Ignorance: Jumping Scale in Southeast Asia ». Environment and Planning D: Society and Space, 20(6) : 647-668

Sommerer, Erwan. 2023. « Résistance à la réification et désidentification : du constructivisme à l’anarchisme ». La Revue du MAUSS, 62(2) : 147-156

Volcano, Abbey, 2014. « Police at the Borders ». In : Daring C. B., J. Rogue, Deric Shannon, and Abbey Volcano, eds. Queering Anarchism, Oakland: AK Press

[1] Scott évoque souvent l’influence qu’ont eu sur ses travaux les notions de « bandit social » ou de « rebelle primitif » forgées par Éric Hobsbawm (Scott 2015, p. 4-5 ; Scott 2020, p. 141).

[2] Notons que Scott applique également la notion de « texte caché » aux dominants, dont l’image publique auprès des dominés ne dit pas tout de leurs convictions, de leurs actes ou de leurs buts. Cf. à ce propos Massoumi et Morgan 2024.

[3] Le terme « Zomia » a été proposé par l’historien Willem van Schendel (2002] pour qualifier une zone montagneuse qui couvre partiellement plusieurs États, du Vietnam à la Chine.

[4] En émettant l’idée de « Zomias internalisées », François-Michel Le Tourneau (2023) montre toutefois que les contraintes financières, autant que les contraintes techniques, permettent la préservation de la « friction du terrain » et de zones autonomes à l’intérieur des États contemporains.

L’auteur :

Erwan SOMMERER est maître de conférences en Science politique à l’Université d’Angers et rédacteur en chef de la revue Nomopolis