Le mauvais perdant et le mal élu
Les Génies troubles de la Cité

Michel Hastings


Résumé

La puissance du fait majoritaire a permis aux démocraties représentatives de vanter leur imaginaire irénique. L’assimilation de la volonté générale à la majorité entretenait la mythologie d’un peuple représenté en sa totalité. L’arithmétique des urnes célébrait une vérité politique. La contestation des résultats électoraux a toujours existé. Elle revêt néanmoins aujourd’hui une dimension inédite, quasi systématique, au point d’apparaître à la fois comme le symptôme d’un régime en crise et le ressort d’une critique populiste de la démocratie. Son originalité réside dans l’usage répété des procès en illégitimité. La délégitimation tous azimuts inaugure un monde sans qualité reconnue, sans confiance accordés, sans valeur ni sens, et plonge les sociétés démocratiques dans les affres de la suspicion permanente et des tentations autoritaires. Le mauvais perdant et le mal élu sont les deux personnages principaux de ce nouveau théâtre politique. L’un refuse d’admettre sa défaite, l’autre oublie les conditions de sa victoire. Les deux racontent la même leçon : il n’y a pas que les vaincus qui perdent. Leurs parcours sont différents, mais les vertiges du déni facilitent leur rencontre.

Abstract

The strength of majority rule allowed the representative democracies to be proud of their irenical imagination. The assimilation of the general will to the majority maintained the mythology of a people taken as a whole. The arithmetical results of the polls celebrated a political truth. Disputing electoral results is not really new. But today, the protest grows up and appears  both as a symptom of a political regime in crisis and the motive of a populist criticism of democracy. Its originality lies on repeated use of legitimacy trial. All around delegitimation inaugurates a world without recognized quality, without trust, and plunges democratic societies into the throes of permanent doubt and authoritarian temptations. The Bad  Loser and the Poorly Chosen are the two main characters of this new political theater. The first refuses to admit his defeat, the second forgets the conditions of his victory. Both tell the same story : it’s not just the vanquished who lose. Their paths are different but the dizziness of denial facilitates to encounter them.

Citer cet article

Hastings, Michel. 2024. Le mauvais perdant et le mal élu. Les Génies troubles de la Cité. Nomopolis 2.

 

« Le politique est affaire de légitimité, c’est-à-dire de croyances et de mémoires validées, en d’autres termes de symboles ».

Lucien Sfez (1978, 5)

Il y aura toujours plus de perdants que de gagnants. Il n’est pas question ici de loterie, de jeu d’argent ou de hasard mais de scrutin. Comparaison désobligeante penseront certains, qui rappelle néanmoins une évidence. La chance n’est pas également partagée et la roue de l’infortune malmène les espoirs du candidat, comme de l’homo ludens. Oui, la compétition électorale, le jeu politique, produit plus de vaincus que de vainqueurs, de laissés-pour-compte que d’heureux élus. Election-sélection. C’est le principe central du gouvernement représentatif – choisir et distinguer – résilience d’un trait aristocratique destiné à faciliter plutôt le consentement au pouvoir que son accession (Manin, 1995). L’élection crée parfois des surprises, bonnes ou mauvaises. En démocratie tout au moins. Là où l’offre libre et concurrentielle, la sincérité des procédures, la puissance du fait majoritaire ont transformé le résultat électoral en une épiphanie de la vérité, un pouvoir magique du dernier mot. Les urnes ont rendu leur verdict, le peuple a tranché, entend-on souvent. Témoin de l’avènement du monde démocratique, Tocqueville s’émerveille : « La notion de gouvernement se simplifie : le nombre seul fait la loi et le droit. Toute la politique se réduit à une question d’arithmétique » (2004, 492). Il en alla ainsi pendant presque deux siècles. L’assimilation de la volonté générale à la majorité entretenait la mythologie d’un peuple représenté en sa totalité. On faisait comme si le suffrage universel parvenait à fondre la diversité tumultueuse des intérêts dans le vieil horizon apaisant de l’unanimité. « La voix du plus grand nombre oblige tous les autres ». L’élection laisse des traces dans le corps électoral, elle le déchire en petits morceaux, mais Rousseau (2001 : 238) le recoud en faisant du consentement de tous le garant indiscutable du respect de chacun. Les théories de la démocratie représentative se sont forgées dans l’enchantement des fictions originelles. Porteur de vertus morales, le suffrage remise le fusil de l’insurrection et célèbre la sacralité de l’unité sociale.

La puissance irénique de la démocratie représentative n’est toutefois jamais parvenue à supprimer complètement les contestations. Les archives du XIXème siècle sont pleines d’échauffourées, insultes et horions, qui accompagnent le dépouillement ou la proclamation des résultats. Des morts parfois, et des villages clivés par les rancœurs, les brigues et les clientèles (Ihl et Déloye, 2008). Une part importante du contentieux électoral provient de défaites inacceptées. Mais progressivement le recours au droit viendra forclore les violences. Des mauvais perdants ? Pas forcément. Des victimes de fraudes ou de corruptions, de bourrages d’urnes ou d’intimidations qui portent plainte. Elles se battent au nom des droits communs à l’égalité, à la liberté, au respect du principe « un homme égale une voix ». Les progrès de la civilité électorale ont ainsi contribué à l’apprentissage d’un « savoir perdre » (Delecroix, 2019), à l’intériorisation par les acteurs du vote d’une éthique de la défaite, identifiable à ses discours convenus sur le respect de la décision de majorité.

Clap de fin ! Depuis plusieurs décennies, le montage Potemkine de la démocratie représentative se fissure, son vernis en trompe-l’œil craquelle, et les dynamiques du désenchantement mettent à nu ses présupposés fondateurs. La crise de la démocratie est devenue aujourd’hui systémique, globale, partagée. Elle concerne aussi bien ses institutions, ses acteurs, ses pratiques et ses principes. Pierre Rosanvallon parle d’un « nouvel âge de la légitimité » (2008, 15) qui voit la recomposition se faire autour de nouveaux enjeux, de nouvelles formes d’engagement politique moins tributaires du totem électoral, et d’un discrédit des procédures anciennes. La notion évanescente de légitimité s’est d’ailleurs imposée dans le langage politique, confirmant l’importance de la culture de défiance qui traverse désormais les sociétés démocratiques. Les procès en illégitimité se multiplient. Ils sont devenus les sésames commodes, à droite comme à gauche, pour critiquer aussi bien un président qu’une manifestation, l’urne que la rue, la foule que les élites, le Conseil constitutionnel que les conventions citoyennes. Rien ne résiste à ce concept furtif corrosif qui joue sur la corde sensible des décroyances. La délégitimation tous azimuts inaugure un monde sans qualité reconnue, sans crédit accordé, sans valeur ni sens, et plonge les sociétés démocratiques dans les affres de la suspicion permanente et des tentations autoritaires. L’accusation d’illégitimité ne se démontre pas, elle s’énonce de manière péremptoire, et se propage en meute sur les réseaux sociaux. Elle est devenue le nom de ce à quoi on s’oppose haineusement. L’absence de consensus pour décider de ce qui constitue la légitimité favorise le relativisme des valeurs et la confusion des savoirs. Mélange tonitruant de nihilisme et de cynisme, l’illégitimisme s’impose désormais comme l’idéologie dominante de la post-démocratie (Crouch, 2013).

Nous définissons ici le mauvais perdant comme un entrepreneur d’illégitimité, le porteur d’un récit du « Qui gagne perd » dont la victime émissaire est le mal élu. Etrange pas-de-deux exécuté par ces deux figures de la déréliction électorale, soumises aux confusions des injonctions paradoxales. L’une refuse d’admettre sa défaite, l’autre oublie les conditions de sa victoire. Les deux racontent la même leçon : il n’y a pas que les vaincus qui perdent. Leurs parcours sont différents, mais les vertiges du déni facilitent leur rencontre. Leurs silhouettes demeurent imprécises et leur couleur politique indifférente. Il est tentant de les saisir sous la forme simplifiée de deux idéaux-types, deux modèles symboliques de rapports contestés au résultat électoral, sans pour autant oublier la diversité des configurations historiques ou nationales. Le mauvais perdant et le mal élu incarnent-ils les Génies troubles de la Cité, clin d’œil au livre injustement oublié de Guglielmo Ferrero (2024).

I. PETITE PHENOMENOLOGIE D’UN BINOME MALHEUREUX

Le mauvais perdant n’est pas un perdant comme les autres. Certes, il rejoindra un jour ou l’autre la cohorte des vaincus, lumineux ou anonymes, revanchards ou résignés, engloutis dans les limbes de l’histoire (Pellen et Louault, 2019). Mais pour l’heure, il ne s’y résigne pas. Malgré son échec arithmétique, il n’a pas perdu puisque son vainqueur ne l’emporte qu’au prix de ce qu’il considère comme une usurpation éthique, une défaite morale. Le mauvais perdant est celui qui crie victoire lorsqu’il perd, et qui trouve dans la défaite les justes raisons d’un déni rédempteur. Il sauve son honneur en salissant celui de son adversaire. Il ne dénonce aucune fraude objective, ne dépose aucun recours devant les tribunaux. Il s’indigne haut et fort d’un résultat obtenu à ses yeux de manière dévoyée, tordue, inéquitable, et prend ses électeurs à témoin d’un vice honteux. Qu’est-ce qui fait qu’un vaincu est un mauvais perdant ? Pas le fait de perdre. Dira-t-on du général de Gaulle démissionnant au soir d’un référendum perdu qu’il fut un mauvais perdant ? Plus discuté, le geste de Lionel Jospin, battu au premier tour de l’élection présidentielle de 2002, annonçant immédiatement sa retraite et refusant de conduire son parti aux législatives. Le mauvais perdant peut aussi être un électeur déçu, un militant dépité. Briser le mobilier urbain, brûler des poubelles, les émeutes post-électorales témoignent-elles d’une culture héroïsée du mauvais perdant chez quelques franges du corps électoral ? Il ne suffit pas de perdre pour devenir un mauvais perdant, ni même de contester la victoire de son adversaire, mais de perdre en donnant l’impression d’ignorer les règles du jeu, d’oublier le fairplay démocratique, le savoir bien perdre transmis par deux siècles de culture électorale. Le mauvais perdant est un mauvais joueur. Il s’inscrit, se positionne sur la ligne de départ, participe à la compétition et au moment du dénouement, il conteste ce qu’il était censé connaitre. Il veut sortir du jeu, ou pire encore décider d’arrêter la partie quand les choses tournent mal pour lui. Ce fut le cas en Algérie lorsqu’en janvier 1992, le gouvernement et l’armée décidèrent d’interrompre le processus électoral après que le premier tour ait laissé entrevoir une large victoire des islamistes du FIS. On parle de mauvais perdant parce qu’en démocratie on sait ce que doit être un beau joueur, image inlassablement peaufinée par la civilisation du vote. Le beau joueur est celui qui sait perdre et mettre en mots justes sa défaite. Respect de l’adversaire, reconnaissance du fait majoritaire, intelligence du citoyen, la défaite a ses raisons que le bon perdant choisit de valider, avec parfois l’ombre du pécheur confessant une faute, avouant la responsabilité de son échec. Le bon perdant est une déclinaison, du bon citoyen, du bon ouvrier, du bon indigène, un avatar du bon père de famille, de la bonne mort aussi. Une figure édifiante porteuse des normes qui donnent au bon gouvernement l’occasion de mesurer l’adéquation des comportements de ses bons élèves. La bonté ici évoque moins une qualité intrinsèque qu’une assignation édifiante. Un rôle à jouer. Elle rappelle que les titulaires de droits possèdent aussi des devoirs, et parmi ceux-ci celui de savoir perdre en gardant la face. L’image idéalisée du bon perdant conforte la moralisation des sociétés démocratiques, et fait de l’élection plus qu’une procédure de désignation des représentants, un véritable livre d’heures offert à la piété civique. Une vignette d’Epinal.

Le mauvais perdant en est le masque grimaçant, la face sombre et déviante, la preuve flagrante d’une mauvaise éducation civique. S’il insiste, il frôle la démence, comme certains crurent déceler une pathologie collective dans les comportements putschistes des supporters de Donald Trump. Il y a en effet parfois quelque chose d’effrayant et de fascinant chez le mauvais perdant, une radicalité troublante du déni, le jusqu’au-boutisme exalté de celui qui joue en mettant sa vie en jeu, qui se laisse prendre au jeu en affichant son refus absolu de prendre le risque d’en disparaitre. Le mauvais perdant d’une élection s’est perdu dans les arcanes d’un jeu qu’il ne comprend plus. Son échec est une souffrance autant psychique que politique. En ne voulant pas admettre sa défaite, il donne l’impression de n’avoir plus rien à perdre. Non seulement, il transgresse l’économie morale du résultat électoral mais il adopte le visage de la mauvaise foi, de l’inauthenticité et du mensonge à soi-même, au nom d’un tort qu’il entend redresser.

La figure du mal élu s’avère également riche de paradoxes. Elle rappelle qu’en chaque vainqueur existe un vaincu qui s’ignore, à la manière de la célèbre tirade du docteur Knock. Le mal élu réside dans l’entre-deux. Il a gagné l’élection mais les bénéfices de sa victoire lui sont refusés. C’est le plus souvent la loi du nombre qui fait le mal élu. Une victoire certes, mais de faible ampleur. Une abstention record, et voilà des élus minoritaires en voix par rapport aux inscrits ; des élections indirectes comme aux Etats-Unis, et voilà le danger que la majorité des grands électeurs soit différente de celle des citoyens ; des chambres hautes héritées des temps censitaires, et voilà l’onction électorale accordée au président du Sénat Gérard Larcher avec 1576 voix ; le dernier élu d’une liste préférentielle, et voilà l’affreuse mélancolie des lanternes rouges ; un troisième mandat conquis plus difficilement que les précédents, et voilà les commentaires qui évoquent la surprise, les signes d’usure, le début d’une fin. Tous ces mal élus ont certes gagné l’élection mais une lecture plus fine des résultats montre ici le recul d’un soutien, là un déficit important de participation, là encore le peu de représentativité du corps électoral. Le mal élu est alors un vainqueur qui n’a pas fait le plein des voix et dont le score semble étriqué, rapetissé. On parlera alors d’une petite victoire, d’une victoire obtenue sur le fil, au bout de la nuit. Ric-rac. Ce sont les données chiffrées qui font ici le mal élu et tentent d’objectiver la faible ampleur de son succès. Il s’agit d’une victoire en demi-teinte, minimaliste, qui raconte une déception. Ce clair-obscur de la mal-élection est encore plus flagrant lorsqu’elle quitte le terrain arithmétique pour se construire dans l’invective politique et morale du mauvais perdant, à la recherche du souffre-douleur qui lui permettra d’excuser sa propre défaite. Lorsque Jean-Luc Mélenchon stigmatise le président mal élu dès le scrutin de 2017, il ne conteste pas la légalité des résultats mais la qualité de l’offre électorale du second tour qui aurait, selon lui, contraint les électeurs à un choix impossible, à voter à l’insu de leur plein gré. Emmanuel Macron serait élu par défaut, entre peste et choléra, une pince à linge sur le nez, à la suite de l’injonction dramatisée du vote républicain, et des pastorales de la peur qui auraient piégé les électeurs, en appelant à « faire barrage » à Marine Le Pen. Il reconduira son accusation, avec encore plus de conviction, au scrutin de 2022, puis au moment des manifestations contre la réforme des retraites qui serait elle-même illégitime en raison de la mal élection du président. Une argumentation spécieuse car ce que Mélenchon critique n’est rien d’autre que la logique du scrutin majoritaire à deux tours. Comme le notait Philippe Raynaud (2023 : 290), il est peu probable que les électeurs gaullistes qui ont préféré voter pour François Mitterrand au second tour de l’élection présidentielle de 1981 souhaitaient l’application des « 101 propositions pour la France », mais cela n’a pas conduit le président élu à renoncer à son projet. Le mal élu est donc ici le produit d’un procès en crédibilité intenté par un perdant qui, ignorant volontairement les résultats, choisit de soupeser les voix. Le mauvais perdant n’accorde pas la même valeur aux suffrages, à ses yeux certains seraient entachés d’une forme d’indignité qui ne permet pas au vainqueur de s’en prévaloir. Ce seraient des suffrages extorqués qui auraient perdu leur sens pour dire le contraire de que les électeurs souhaitaient. Contrairement à Donald Trump qui refusait le résultat et se disait prêt à engager une épreuve de force avec le camp vainqueur, le procès en illégitimité intenté par le double médaillé de bronze de la présidentielle porte sur un choix par défaut, un vote contre soi-même. L’absence de majorité parlementaire en 2022 conforte l’idée d’une victoire sans grand assentiment ni espérance alors que déjà se profile le spectre d’une présidence relative et impopulaire.

Le mauvais perdant et le mal élu sont donc sur le même bateau. Leurs personnages hantent la scène du résultat électoral qu’ils parviennent à subvertir. Ils se donnent réciproquement le droit d’exister en cherchant pourtant à se nier l’un et l’autre. L’accusation d’illégitimité déplace alors le résultat électoral du politique vers l’éthique, en jouant la confusion du bien et du mal, du vrai et du faux.

II. LES APORIES DU PROCES EN LEGITIMITE 

Depuis quelques années, les sociétés démocratiques connaissent une promotion spectaculaire de la notion de légitimité. Ce terme très flou a tendance à jouer le même rôle stratégique que celui de « peuple » ou plus récemment de « souveraineté ». Il habille large, se dispense de définition précise, et permet des usages quasi illimités et contradictoires. Le bénéfice de ses usages est immédiat. Le concept est surtout invoqué de manière critique et négative pour dénoncer aussi bien la pertinence d’une politique, la valeur d’un principe, le travail d’une institution, le rôle et le statut d’un personnage politique. La notion de légitimité se voit donc mobilisée lorsqu’il s’agit d’en priver quelqu’un ou quelque chose.

Le recours au procès en illégitimité intenté par le perdant n’est pas récent. Il fait même intégralement partie du moment électoral et des vicissitudes de sa mise en commentaires. La question de la légitimité est plus fréquemment posée en amont du vote. Elle concerne par exemple les qualités sociologiques du candidat. L’exclusion du droit de vote des femmes, des pauvres, des indigènes dans les colonies, des étrangers aujourd’hui, s’est toujours accompagnée d’un argumentaire concluant non seulement à l’interdiction mais aussi à l’illégitimité même de leur prétention à la pleine citoyenneté. Lorsqu’en 1925, Joséphine Pencalet, ouvrière sardinière devient conseillère municipale à Douarnenez sur une liste communiste, la presse de droite se déchaine, ciblant l’identité de la candidate, ses appartenances (sociale, genrée, politique) avant de conclure à son « absolue incompétence » (Bugnon, 2024). Aujourd’hui encore, le parachuté continue de faire l’objet d’une hostilité, comme si la liberté de se présenter relevait d’un quelconque brevet d’autochtonie (Dolez et Hastings, 2003). Ne pas être du lieu, faire figure de horsain, voilà qui insulte les croyances en la naturalité des conditions dans lesquelles s’obtient et se transmet la légitimité des personnes auxquels les citoyens confient le soin de les représenter (Abélès, 1989). L’expérience des parachutages politiques conteste les dynamiques historiques de la nationalisation de la vie politique en révélant d’anciennes servitudes locales inscrites dans le temps long des traditions culturelles. Ces différents procès en légitimité ont en commun d’en appeler à une conception exclusive du jeu électoral, de reposer sur l’imaginaire d’une citoyenneté de l’entre-soi. Bien entendu, l’indignation ne vient pas ici d’un mauvais perdant au sens strict du terme puisque le résultat n’est pas encore connu. Mais c’est dans l’horizon d’un risque d’échec, d’une angoisse identitaire que se forge la critique. L’ordre électoral serait menacé par ces populations aux étranges étrangetés, par ces inconnus pas de chez nous. Le filigrane du mauvais perdant est déjà là, par anticipation inquiète. Celui qui craint en préalable de tout perdre fera bientôt un mauvais perdant.

Le procès en illégitimité intenté au mal élu par le mauvais perdant est d’une autre facture. Il ne porte pas sur l’identité sociale du vainqueur, mais sur la manière dont la victoire a été obtenue. Pas de fraude judiciairement avérée, pas de tromperie manifeste, mais la lourde et suffisante présomption d’un vice caché, d’un malentendu, une expression dévoyée du libre choix, une contrainte irrésistible. Le mauvais perdant se débat avec une dissonance douloureuse. Il a voté sans choisir, sans surtout pouvoir donner un sens positif à son vote. L’émergence d’une extrême-droite électoralement de plus en plus puissante a généré des injonctions démocratiques au vote éthico-utile. Il est devenu moralement bon et politiquement nécessaire de voter contre le danger des formations de droite radicale. En France, les appels au Front républicain, au cordon sanitaire en Belgique, à faire barrage un peu partout, ont transformé le sens du suffrage dans les démocraties affaiblies. On vote davantage « contre » que « pour », au risque de multiplier les minorités de blocage et d’effacer le rôle programmatique des campagnes électorales. Si l’offre électorale devait se pérenniser en France autour d’une tripolarisation inconciliable, toute majorité absolue ou relative prendrait à l’avenir le risque de se voir adressée le même reproche. Le vote par défaut ouvrirait sur une démocratie empêchée, une « contre-démocratie » où le repoussoir l’emporte sur l’attraction. Quand le mauvais perdant invente le mal élu au nom d’un déficit de légitimité, il revendique une forme de « souveraineté d’empêchement » (Rosanvallon, 2006). L’obstruction devient la règle et fait des citoyens les éternels mauvais joueurs d’une démocratie impolitique, affaiblie par l’effacement des partis, la défiance dans les institutions et les tentations populistes. Le mauvais perdant « joue perso » en s’autorisant à délivrer lui-même les cartons rouges, sans jamais douter de sa propre légitimité à le faire. Il y a deux lectures possibles pour essayer de bien comprendre ce qui se joue à travers le procès en illégitimité.

Une lecture psychologique tout d’abord, trop souvent passée sous un silence pudique, qui verrait dans l’acte de défaire une qualité fondée sur des croyances, le plaisir pervers et narcissique de réussir son propre échec en l’imputant à une vraie fausse victoire. Une opération de renversement des valeurs au service d’une reconquête de l’estime de soi. En fabriquant un mal élu, le mauvais perdant oublie sa déconfiture en rêvant d’impunité, il se donne tout entier à son bonheur de jouir sans entrave du pouvoir d’être cause (Perrin, 2024). Existerait-il une personnalité du mauvais perdant, un type psychologique favorable au déni accusatoire, au désir de tuer symboliquement ? Faut-il trouver chez l’Homme autoritaire ou dogmatique les ressorts de la certitude à avoir toujours raison, et à faire du ressentiment le combustible de son esprit de revanche ? Nous serions bien imprudents de formuler ici des réponses définitives, mais une relecture des célèbres travaux d’Adorno ou de Rokeach ouvrirait probablement quelques pistes intéressantes.

Une lecture, plus consensuelle, de l’accusation d’illégitimité par le mauvais perdant y voit l’un des effets du contexte de crise des systèmes démocratiques. Leur credo ne fonctionne plus, les équivoques fondatrices du gouvernement représentatif ont épuisé leurs charmes. Le résultat électoral ne fait plus autorité. Pire, il apparait aux yeux de certains comme l’expression d’une insupportable contre-vérité. L’élection comme modalité de désignation des gouvernants a perdu les vertus de son horizon jadis indépassable. L’arche sainte de la légitimité procédurale s’efface devant des transferts de légitimité accordés à d’autres lieux, d’autres temporalités, d’autres manières de construire du lien politique. Des accents de table rase se font entendre dans la plupart des démocraties historiques pour transformer de la cave au grenier leur architecture institutionnelle. Au-delà de l’opportunisme militant, le procès en illégitimité du mal élu prend appui sur une critique, de plus en plus insistante, de la démocratie représentative elle-même, dont les formulations ne se trouvent pas seulement chez les extrémismes politiques mais aussi dans les débats au sein de la théorie politique. Lorsque Thierry Pech (2023) considère que « les citoyens n’abandonnent jamais la totalité de leurs compétences dans le vote », sans d’ailleurs préciser ce qu’il entend par compétences, il attribue au régime représentatif l’origine de la crise démocratique et considère qu’au-delà du vote, le peuple doit intervenir directement dans la fabrication de la loi. S’il est devenu nécessaire de réformer aujourd’hui l’ordre démocratique, et de mieux reconnaitre la pluralité des modes de participation des citoyens, on peut toutefois se demander si la volonté générale déduite d’une majorité électorale a de meilleures chances de s’incarner dans la rue ou des instances participatives, et si ces nouveaux lieux de la démocratie sont sociologiquement plus représentatifs que l’enceinte parlementaire. De quel supplément d’âme bénéficie la légitimité de ces alternatives à la représentation ? Et surtout d’où ce peuple directement législateur tirerait-il sa responsabilité en cas d’erreur ? De sa souveraineté absolutisée, au risque d’en révéler alors les accents autoritaires ? (Grunberg et Pasquino, 2023).

La stigmatisation du mal élu par le mauvais perdant fait du peuple ou plutôt de ceux qui le font parler, les justiciers d’un « âge de la désélection », d’une démocratie de sanction, de défiance et de surveillance, prompte à verser dans la négativité systématique et la stratégie du dénigrement. Si la virulence est maximale lors des campagnes électorales américaines, depuis les élections du Bush père et fils, il s’agit bien d’un mouvement général que l’on peut observer dans toutes les démocraties, où l’on voit de plus en de citoyens et de candidats mauvais perdants, revendiquer une sorte de « souveraineté négative ». Un bel exemple nous est donné par le troisième référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie en 2022, comme prévu par l’accord de Nouméa signé par toutes les parties en 1998. Alors que les deux précédents référendums s’étaient montrés défavorables à l’indépendance, et pressentant une nouvelle défaite, les indépendantistes kanaks ont appelé leurs électeurs à l’abstention. Dès lors, le résultat sans surprise en faveur du maintien de l’île dans le giron national a pu aisément être contesté dans sa légitimité par certains partis de gauche. Suffirait-il de boycotter un scrutin pour se réserver ensuite le droit d’en contester la légitimité ?

A tordre indéfiniment les notions, à faire sortir les concepts de leur définition originelle, à détricoter le sens des mots, le mauvais perdant en vient parfois à se faire l’apprenti sorcier d’un nouvel ordre populiste du politique.

III. LES POUSSE-AU-JOUIR DE L’UNFAIR PLAY

Le recours à la notion d’illégitimité par le mauvais perdant peut également s’analyser au prisme des mutations qui affectent aujourd’hui les mondes de l’information. Le procès en légitimité du mal élu s’apparente en effet à une opération de communication dont le succès requiert un savoir-faire puisé dans les règles du jeu qu’imposent les réseaux sociaux et les médias. Le mauvais perdant doit être un bon communicant, et la mise en scène de son Unfair play, répondre à des répertoires d’action et d’énonciation précis, qui sauront jouer sur une combinaison de ressorts émotionnels et de coups transgressifs, destinés à susciter une réaction dans l’opinion. C’est dans la double matrice du dégagisme et du complotisme, terreaux de l’actuelle culture populiste qui imprègne la plupart des sociétés démocratiques, que nous trouverons l’économie pratique du mauvais perdant et de son chef-d’œuvre, la fabrique du mal élu. L’une renvoie à l’expression d’un désir compulsif d’élimination radicale, de changement immédiat, l’autre traduit une perversion du rapport à la connaissance menée au nom d’une prétendue vérité cachée. Les deux exploitent de manière décomplexée le mensonge et le dénigrement en politique, en subvertissant les normes éthiques de la loyauté. Entre en résonance.

Les logiques de fonctionnement des médias et des réseaux sociaux se ressemblent de plus en plus. Il n’est pas rare de voir le tiktokeur se faire éditorialiste et le journaliste se glisser dans la peau de l’influenceur. Ils cherchent en priorité à capter l’attention et savent que le message hypercritique sera toujours plus attrayant que la démonstration froide et nuancée. Le mauvais perdant, dans sa quête de publicité, doit alors traduire son indignation en un récit compatible avec les attentes du public numérique. Il en connait la panoplie : petites phrases, propos partiaux et moqueurs, formules assassines, pilonnages sur les défaillances personnelles, rumeurs et insultes. Lorsqu’il lance dès 2017 son accusation d’illégitimité contre le président récemment élu, Jean-Luc Mélenchon est déjà un habitué des stratégies digitales. Il s’est doté d’un écosystème numérique (Chaine You Tube, Comptes Facebook et Twitter, Instagram, jeux vidéo, plateforme collaborative) qui met efficacement en écho et résonance ses propos et les destine en priorité à un public jeune connecté. Par ailleurs, Mélenchon est un homme de mots. Son rapport à la langue dont il dit faire d’ailleurs le lieu de ses luttes lui permet de créer un espace discursif bien à lui, aisément identifiable, aux accents pamphlétaires et aux viralités profuses (Thérond, 2020). Une fois désigné comme tel par le mauvais perdant, le mal élu est lâché en pâture, emporté dans le tourbillon des invectives et des tweets malveillants, des mots qui « cinglent » et « taclent » comme aiment à le rapporter les journalistes, des mots qui brutalisent et veulent faire mal. Ces mesquines expressions de joie mauvaise poursuivent sans répit la victime, le harcèlent en permanence. Aucun état de grâce pour le mal élu. On le demeure à vie. Le mal élu devient le lieu de mémoire de toutes les aigreurs. « On ne lâchera rien », tel est le fantasme du vindicatif anonyme que partagent les followers du mauvais perdant. « Dix ans ça suffit ! » scandaient les défilés de 1968, « Macron démission », « Macron casse-toi ! » ressassent aujourd’hui les manifestations. Un imaginaire de purge et d’éviction alimente l’ensauvagement de la parole qui va crescendo.  L’étiquette du « président mal élu » gagne sa forte remarquabilité grâce à l’aisance de sa circulation et de son appropriation. Elle dessine d’emblée un périmètre de disqualification qu’il n’est plus besoin de justifier. Elle fonctionne comme la monnaie d’échange, le mot de passe, d’une communauté émotionnelle, à la fois entre-soi et espace conflictuel, défouloir fortement ritualisé dans la mobilisation des affects les plus virulents. Elle fait lien et crée ce qu’Arnaud Mercier nomme une « démoqueratie » ouverte aux humeurs et aux humours (2018). Une formule palimpseste sur laquelle tout internaute peut réécrire son propre commentaire sommaire.

Le procès en illégitimité fait donc partie de la panoplie de la communication politique dite négative (Lefébure, 2020), qui consiste non pas à promouvoir sa candidature mais à évoquer l’adversaire d’une manière à lui porter préjudice (Kamber,1997 ; Pepper, 2021). Le message négatif lancé par le mauvais perdant prolonge les procédés utilisés lors de la campagne électorale et cible désormais le seul vainqueur. D’un point de vue strictement narratif, le thème du mal élu joue apparemment la simplicité en pointant une sorte de déficit éthique. Il est toutefois facile de repérer la manière dont les accusations lancées lors de la campagne s’agrègent pour construire la légitimation de l’illégitimité. Les Républicains tancent Biden sur son âge, sa famille, sa santé. Le président Macron, une fois mal élu, devient vulnérable, et la suite de son mandat ne s’éclaire qu’à travers cette marque originelle. L’accusation du mauvais perdant marque le mal élu d’un signe indélébile que réactive facilement l’opinion publique. Il y a dans le mal élu quelque chose du mal né et du mal aimé, un « indice de bâtardise » s’indignerait le duc de Saint-Simon, l’ombre d’une disgrâce, d’un empêchement à jouir sereinement de la victoire. Le mal élu demeurera ainsi à portée du mauvais perdant qui le déteste et l’envie. Le mauvais perdant ne critique pas seulement les conditions qu’il juge déloyales d’une victoire, il se fait l’auteur d’un préjudice de réputation qu’il souhaite insolvable. Le mal élu devient la victime sacrificielle d’une société déboussolée dont les passions tristes et violentes s’agrègent autour de l’infortuné gagnant de l’élection. Il y a de l’exorcisme collectif dans l’exécration que suscite la personne d’Emmanuel Macron. Le mauvais perdant a voulu faire perdre au mal élu jusqu’à sa propre identité. Un souffle régicide flottait hier sur les manifestations de Gilets jaunes, on pend encore un mannequin dans certains défilés, on décroche un portrait officiel, on écorche ironiquement son nom (Macron/Micron). Le procès en illégitimité carnavalise le mal élu. Il autorise les outrances, comme celles du livre de François Ruffin, Ce pays que tu ne connais pas, dont les invectives à la Marat, disent autant la détestation du vainqueur que les souffrances narcissiques de l’auteur. Le mal élu se transforme ainsi en lieu de transferts et de projections des fantasmes individuels et collectifs.

Une forme de désinhibition s’est installée au cœur des démocraties, une absence de retenue et de nuance dans les prises de parole, une manière extravertie d’affirmer ses opinions. On entend fréquemment la nécessité de lever les tabous, la transgression décomplexée fait désormais office de rébellion légitime. En livrant le mal élu à la vindicte populaire, la communication du mauvais perdant réactive l’imaginaire du complot. L’hypercriticisme conspirationniste participe non seulement des dérèglements confusionnistes qui favorisent les expressions les plus radicales du politique en les rapprochant les unes des autres dans l’image célèbre du fer à cheval, mais fait entrer la victime dans le monde dangereux du secret caché, du faux et du soupçon. Sydney Powell, l’une des avocates de Donald Trump, déclarait lors du procès de « l’élection volée » de 2020 que les machines à voter de la marque Dominion avaient contribué à la falsification des résultats, et que la société en cause avait, sur instruction, d’Hugo Chavez créé un programme informatique falsificateur. L’accusation joue pleinement sur les ressorts de la trahison, le vainqueur ne l’a emporté que par les manigances d’un agent étranger. Les primaires en vue de désigner le candidat du parti ont également vu des vaincus faire appel à cette image de l’élément exogène pour discréditer le vainqueur. Il faut noter que les ingérences étrangères aujourd’hui avérées dans les processus électoraux aliment aussi le mauvais perdant en ressources argumentaires. Le mal élu se transforme en usurpateur, en profanateur. Les sites d’extrême droite comme Riposte laïque associent en continu la mal élection de Macron à ses accointances mondialistes (Davos, Bill Gates, Big Pharma), son maintien au pouvoir consacre les pouvoirs occultes des officines oligarchiques. Mais la symbolique la plus explosive demeure celle de la trahison du peuple (Schehr, 2010). Le mal élu a dérobé son élection. La mise en trahison inscrit le mal élu dans une logique biographique d’infidélité répétée, à ses idéaux, à ses amis, à la Nation. Le mauvais perdant prend sa revanche en incarnant la solidité, la constance, la confiance.  Le thème de la trahison contenu dans l’accusation de mal élu devient viral chez les équipiers militants du mauvais perdant, frôlant les tentations de jugement sommaire et du régicide. Le mauvais perdant 2.0 inscrit son procès en illégitimité dans le cadre d’une post-vérité, particulièrement accueillante aux faits alternatifs, aux réécritures de l’histoire et aux scepticismes florissants (Fuller, 2018). Le mauvais perdant d’un scrutin est souvent le gagnant d’une communication fondée sur le ressentiment et la vengeance, seules énergies capables d’indemniser les blessures de la défaite.

Cette rapide incursion dans l’univers cruel et désenchanté du mauvais perdant aura peut-être permis de toucher du doigt « la fatigue de la démocratie » en essayant de prendre au sérieux les effets pervers de la pastorale de la mal élection. Fille de la désaffection et de l’indifférence, l’illégitimation libère la part maudite des citoyens, en offrant régulièrement aux colères collectives quelques cibles émissaires de leurs peurs. L’invention du mal élu est redoutable en ce qu’elle crée la brèche dans laquelle s’engouffre le criticisme absolu des populismes. La démocratie représentative a, semble-t-il, épuisé ses réserves de croyances. Le résultat électoral est devenu la litière de l’incroyable. Les transferts de légitimité se sont déportés vers des lignes de fuite, toujours plus incertaines, donc plus avides d’intolérances et de radicalités. Nous vivons bien le temps des « mauvaises démocraties ».

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L’auteur :

Michel HASTINGS est professeur émérite de Science politique à Sciences po Lille